(Ré)imaginer l’enseignement de la littérature, de la littératie et des arts avec l’intelligence artificielle et les réalités étendues
Dès sa création, au tout début des années 2010, l’équipe de recherche en littératie médiatique multimodale – LMM – a porté son regard scientifique sur quelques objets très spécifiques et surtout fondateurs : la littératie, la communication (multi)médiatique, la multimodalité, la sociosémiotique, l’enseignement et l’apprentissage. Au fil du temps, d’autres objets, de par leur forte résonance pragmatique et épistémologique, ont forcé le détour et surtout élargi son analyse critique : le numérique et ses ramifications émergentes (dématérialisation, augmentation, virtualisation, ubiquité, synchronicité, etc.) bien sûr, mais aussi la (co)création (artistique, littéraire, didactique), l’intervention interdisciplinaire et/ou communautaire, la modélisation de compétences, voire la conception, l’itération et l’implantation dans les milieux concernés de dispositifs médiatiques, pédagogiques, esthétiques et/ou culturels. Aujourd’hui, l’équipe LMM se tourne vers des objets en pleine genèse, considérant leur valeur cardinale dans le développement attendu des pratiques de communication et de création des personnes, certes, mais aussi des réseaux d’intérêt (groupes sociaux) et des diverses communautés : 1- les réalités étendues, 2- les intelligences artificielles génératives et 3- les dispositifs mobiles in situ.
Évidemment, une thématique traverse longitudinalement et de façon constante ce dense et rigoureux parcours scientifique : le soutien au développement des compétences – constamment actualisées – de littératie. Plus qu’un fondement épistémologique et pragmatique, la littératie contemporaine – et à venir – constitue pour l’équipe LMM un engagement de tous les instants dans l’amélioration explicite – empirique – de la condition des personnes qui doivent désormais interagir dans des écosystèmes de plus en plus hétérogènes, effervescents et participatifs. Les différents projets passés de l’équipe LMM ont plus finement précisé les compétences multimodales, puis numériques, qui sont inhérentes aux pratiques de littératie contemporaine en fonction de l’évolution des technologies médiatiques et de leur rapport aux mondes possibles. Ces travaux ont surtout favorisé le passage d’un référentiel – grille – de compétences en LMM (Lacelle, Boutin et Lebrun, 2017), puis d’une modélisation des compétences de LMM en contexte numérique (Acerra et Lacelle, 2021 ; Lacelle et Lalonde, 2023 ; Boutin et al., 2024), à un futur modèle de compétences postnumériques en littératie (objectif actuel). Bien plus, l’exploration récente des formes de littératie numérique en culture, en communication et en création (FRQSC 2020-2024) a fort bien mis en relief la nécessité d’aller plus en profondeur dans l’analyse des manifestations des compétences postnumériques liées aux dispositifs et médias multimodaux actuellement en émergence. L’équipe LMM actuelle, constituée d’une vingtaine de membres au Québec et d’une vingtaine à l’international, projette ainsi une modélisation postnumérique des modes de communication et de création induits par des dispositifs et des usages qui modifient notre rapport au texte, aux écrans et, plus largement, au numérique dans divers contextes (apprentissage, expression, socialisation, etc.). L’équipe s’active depuis peu dans cette direction précise en explorant les diverses dimensions qui unissent la littératie multimodale et ses divers médias de communication / création aux réalités étendues (XR), aux intelligences artificielles génératives (IAG) ainsi qu’aux dispositifs mobiles in situ (IS). En bout de course, l’équipe LMM assure une veille constante quant aux évolutions / transformations des pratiques littéraciques en fonction des progrès technologiques et numériques. Elle a déjà amorcé une production scientifique sur ces nouveaux objets, comme en témoigne la dernière parution de la revue Le français aujourd’hui – Des robots dans la classe, qui aborde l’intégration des IAG en enseignement du français (Acerra, Gervais et Petitjean, 2024). Une exposition en ligne d’œuvres d’artistes et d’élèves à l’aide des IAG a été réalisée et a fait l’objet d’une diffusion à l’international (Art intelligent) et le laboratoire 1P1 sur l’expérimentation des réalités étendues (virtuelles, augmentées, immersives) a récemment été inauguré.
À l’occasion de cette 25ᵉ édition du séminaire, il apparaissait essentiel de dresser un bilan qui ne se limite pas aux avancées passées, mais qui s’ouvre aussi aux collaborations émergentes et aux nouveaux horizons de recherche. Ce séminaire France-Québec vise ainsi à interroger les manières dont les réflexions autour de l’intégration de l’intelligence artificielle et des réalités étendues reconfigurent l’enseignement de la littérature, de la littératie et des arts. Il s’agira également d’explorer les perspectives d’un modèle postnumérique de la littératie contemporaine, en constante évolution (Saemmer, 2022).
Les deux journées du séminaire auront pour ambition de penser cette réflexion à l’articulation entre pratiques et recherches qui ont marqué le champ de la littératie médiatique, tout en ouvrant la voie à de nouveaux chantiers. Elles permettront d’établir un dialogue entre bilan, perspectives et projections.
Afin de faciliter la participation des chercheurs québécois, les horaires seront aménagés en décalé pour permettre un suivi optimal des deux journées.
Inscription gratuite obligatoire : https://sondage.umontpellier.fr/ls/index.php/217129?lang=fr